
La fiche ‘Pas que ça à foutre’

Jean-Michel Basquiat
Américain
Né en 1960 à Brooklyn
Décédé en 1988 à NoHo, un quartier de New-York
Peintre, graffeur, dessinateur

Le point enchères
Top 1

Jean-Michel Basquiat, Untitled, 1982
Acrylic, spray, oilstick, sur toile, 183x173cm
89 millions d’euros, chez Sotheby’s New York en 2017
Ça vous annonce la couleur.
Top 2

Jean-Michel Basquiat, Untitled, 1982
Acrylique sur toile, 235x500cm
44 millions d’euros chez Christie’s en 2016
En toute simplicité.
Top 3

Jean-Michel Basquiat, Flexible, 1984
Acrylic and oilstick, sur bois, 259x190cm
33 millions d’euros, chez Phillips New-York en 2018
Enfance, adolescence et tout le tintouin
J-M naît en 1960 à Brooklyn, aux Etats-Unis.

Sa mère est portoricaine, son père est haïtien.
Porto Rico et Haïti, ce n’est pas loin, ça facilite les rencontres. Partant de là, JM naît.

Très jeune, JM s’intéresse à l’art, sa mère le trimballe dans les musées new-yorkais. Ça le stimule, et il fait des beaux dessins. Son enfance se passe à New-York, un endroit plutôt enrichissant culturellement parlant.
JM n’est pas le dernier des attardés : il dessine super bien, il reprend les illustrations du dictionnaire pour les foutre à sa sauce, il crée des oeuvres en s’inspirant des films de Hitchcock… et il est passionné de lecture.
D’ailleurs, il lit dans 3 langues différentes à 8 ans, c’est pas comme vous qui avez lu la moitié d’un Musso cet été en oubliant la page précédente toutes les 5 minutes, tout cela en transpirant de l’intérieur des genoux dans le Lubéron. Je dis ça, j’ai jamais lu Musso. Faudrait que j’essaye. Il parait qu’on a du mal à décrocher.

Exemple d’un roman écrit par Guillaume Musso. On y parle aussi de Brooklyn.
Coincidence ? Absolument.
© Site de Guillaume Musso
A 7 ans, JM est hospitalisé pendant mille ans – approximativement – à cause d’un accident de voiture. Sa mère lui offre le célèbre livre Gray’s anatomy.

Alors pour ceux qui n’étaient pas au courant, Gray, c’est un gars qui s’y connaissait pas mal en anatomie, il a écrit un bouquin, c’est devenu un classique.
Après, un réalisateur a eu l’idée de créer la série Grey’s Anatomy, car l’héroïne de la série s’appelle Meredith Grey. C’est un jeu de mot les gars. Et ouais.
Bref, il regarde donc pas mal ledit bouquin et s’en inspirera à peu près toute sa vie, qui est courte, je vous l’accorde (si vous avez regardé les dates au début de l’article, vous avez dû vous apercevoir qu’il y a problème de longueur de vie).
En 1974, la famille part vivre à Porto Rico pendant 2 ans.

Puis de retour à New York, JM est inscrit dans une école pour les gens malins et huppés.
Il y rencontre Al Diaz, qui deviendra un bon copain, il est aussi artiste.
Les deux chenapans commencent à peindre au spray dans Manhattan.
JM signe ses oeuvres SAMO, ce qui signifie Same Old Shit, ce qui veut dire que finalement c’est toujours la même chose. Rien de neuf quoi. C’est le signe de son passage, et aussi celui de son ami Al Diaz.
En 1976, ce petit rebelle de JM fugue, il se trimballe pendant une semaine dans Greenwich Village #thug puis il est ramené à son père fissa. Greenwich Village, c’est un quartier de Manhattan. C’était pas la fugue du siècle non plus…

Ça fait toujours du bien une petite illustration de Pascal le Grand Frère non?
Là-dessus, il abandonne l’école parce que merde à la fin, du coup, son père le vire de la baraque parce que OH ça suffit.
En 1978, JM a 18 ans, il quitte le domicile familial.
‘Comment va-t-il faire pour gagner des ronds?’, me direz-vous.
Parce que colorier les murs, c’est bien gentil, mais ça rapporte rien.
JM vend des cartes postales et des T-Shirts dans la rue. Il sort aussi pas mal, c’est un oiseau de nuit comme diraient les gens qui n’ont jamais été des oiseaux de nuit.

Voici un véritable oiseau de nuit.
Il rencontre pas mal de gens en soirée : Bowie, Madonna, Warhol. Il vend une de ses cartes postales à Warhol en soirée, ça va changer la donne comme vous allez le voir.

David Bowie et Madonna
Ils ont effectivement l’air très copains.

Andy Warhol et JM, Photo par MICHAEL HALSBAND/Landov, en 1985
En 1979, il tague sur les murs de SoHo ‘SAMO IS DEAD’ indiquant la fin de ce projet.
Il passe à autre chose.

SAMO est effectivement dead.
SAMO était reconnu dans le milieu artistique, et Basquiat va le devenir encore plus.
Un entourage stylé
JM traine avec les bonnes personnes. Il participe à des expositions collectives importantes à New-York, il a un groupe de rock en parallèle mais il va l’arrêter puisque le gars expose quand même avec Keith Haring, Andy Warhol et Robert Mapplethorpe.
‘Qui sont-ce ?’ me demanderez-vous, les yeux remplis d’espoir à l’idée d’avoir une réponse à votre question.
→ Keith Haring :

Keith Haring et JM, photographiés par Andy Warhol.
Keith est né en 1958 et décède en 1990, c’est un artiste américain. Il fait de la peinture, du dessin, de la sculpture… On est sur du pop art, du graffiti…
C’est lui qui fait ces œuvres là :

Keith Haring, Sans titre, 1985

Keith Haring, Sans titre, 1987
→ Robert Mapplethorpe :
C’est un photographe américain, qui fait des portraits en noir et blanc, des fleurs et des hommes nus.

C’est lui sur la photo.

Il fait ce genre de photo.
© Mapplethorpe Foundation
→ Andy Warhol :

C’est un artiste américain, né en 1928, et décédé en 1987. On va y revenir après.

Andy Warhol, Shot Light Blue Marilyn, 1964
Autant vous dire que JM est TRÈS bien entouré. Du lourd.
Et vas-y que ça colorie les murs
Pendant ce temps, ça fait des graffitis urbains à tout va.
C’est un art qui a souvent été un peu snobé, voire beaucoup, mais il faut savoir que les gens ont commencé à graffer en temps de guerre ou de révolution car ils ne pouvaient faire que ça. C’est donc un moyen d’expression artistique particulièrement vivant et puissant, puisqu’il est à la vue de tous et permet à des gens de s’exprimer alors qu’on ne leur en laisse pas la possibilité.
Cet art est né en Europe principalement : les guerres mondiales, le mur de Berlin, l’Irlande du Nord, et est arrivé aux Etats-Unis en 1960.
Alors attention, quand je dis que cet art est ‘né’ au 20ème siècle, il faut BIEN SE CALMER, car ça a toujours existé de colorier sur les murs.
C’est pas du tout nouveau :

cf la Grotte de Lascaux. Les gars, si ça c’est pas du tag, je sais plus quoi faire.
Bon, ça revendique pas grand chose, mais l’homme a toujours dessiné partout, c’est pas nouveau. OK?
La seule différence, c’est que le ‘graffiti’ est quand même fait pour dénoncer quelque chose, et là, le dessin de taureau il dénonce rien du tout. NÉANMOINS, on retrouve les premiers graffitis à l’époque de l’Empire Romain, avec des écritures et des messages satiriques sur les murs. Une fois de plus, le #thug trouve parfaitement sa place dans cet article.
En 1970, les métros de New-York sont recouverts de graffitis, et la police commence à sévir.

Photo du métro à New-York, tag par Donald Dondi White,
un graffeur américain de l’époque.
© FatCap
Les graffeurs vont donc aller graffer directement en ville, sur les immeubles et autres surfaces se prêtant à ça. En gros, partout. Pas mal de graffeurs sont très connus et appréciés par le milieu artistique. Certains graffent même sur des toiles et foutent les toiles dans des galeries. Et ça se vend plutôt pas mal.
De nos jours, évidemment, on ne peut pas passer à côté. C’est un style artistique à part entière depuis bien longtemps. Des oeuvres magnifiques ont pu être créées grâce à ce moyen d’expression. Il faudrait y consacrer un article entier, voire plusieurs. Je vous conseille néanmoins, pour ceux que ça intéresse, d’aller jeter un oeil aux liens ci-dessous:

JR
© Insta

Banksy
© Site de Banksy

Vhils, ici en collaboration avec Shepard Fairey, un autre graffeur.
© Site de Vhils
Warhol et Basquiat
Les deux loustics se rencontrent au début des années 80. Je me souviens des soirées où l’ambiance était chaude et les mecs rentraient Stan Smith aux pieds, le regard froid.
Ah non, ça ça n’a rien à voir, c’est des paroles d’IAM.
Ils se rencontrent quand même à cette période. Au début, Basquiat est un fan de Warhol, puis à force de petites attentions sympathiques et de rencontres ‘par hasard’, ils deviennent copains comme cochons. et ils finissent par collaborer ensemble.

Jean-Michel Basquiat et Andy Warhol, ‘Gagnez un million de dollars’, 1984
Acrylique sur toile, 170 x 288,5 cm, Collection Bischofberger, Suisse

Jean-Michel Basquiat et Andy Warhol, Ailing Ali in Fight of Life, 1984.
Sammlung Bischofberger, Schweiz
Les deux sont des poids lourds de l’art contemporain, et la rencontre des deux cartonne comme vous pouvez l’imaginer.
Les périodes de Basquiat,
y’a à boire et à manger, on va pouvoir illustrer nos propos
→ La période 1980-1982 : La mort.
On est sur une légère obsession pour la mort pendant cette période de 2 ans. On part sur des toiles avec des têtes de mort, des squelettes, des masques pas franchement rigolos.
JM s’inspire aussi de ce qu’il voit autour de lui : voitures, pauvreté, enfants, graffitis…
En 1981, René Ricard, un journaliste et critique d’art américain plutôt renommé, publie un article sur Basquiat dans le magazine ArtForum.
ArtForum, c’est un magazine américain qui parle d’art contemporain et qui existe depuis 1962.
Le titre de l’article c’est ‘The Radiant Child’, c’est-à-dire l’enfant radieux.
Autant vous dire que moi, à 21 ans, personne ne m’avait jamais trouvé radieuse, et encore moins un critique artistique.
Bon, certes, je ne fais pas d’art, mais quand même, j’ai ma fierté.
Il commence à nous emmerder ce JM avec tout ce succès.
Bon, il faut que je respire, que je me calme, car c’est vraiment pas fini.
En effet, en 1981, JM connaitra sa première exposition personnelle.
On a déjà fait la distinction entre exposition collective et exposition personnelle dans l’article précédent, donc ceux qui loupent des cours, il faudrait penser à être plus assidus.
Le gars est carrément exposé chez Larry Gagosian en 1982.
Une petite explication s’impose, je vais la faire maintenant car on en reparlera sûrement à plusieurs reprises dans les articles suivants.

Voici Larry.
Larry est un galeriste et marchand d’art américain d’origine arménienne. Il est né en 1945.
A 35 ans, il a ouvert sa première galerie. De nos jours, les galeries Gagosian sont, en toute simplicité, le plus gros réseau de galeries d’art au monde. Lorsqu’un artiste se fait représenter par une de ses galeries, sa côte est susceptible d’augmenter 100 fois.
J’en rajoute pas, je crois que tout est dit.
Là-dessus, ce serait vulgaire de s’arrêter là, donc JM dégote un agent : Bruno Bischofberger.
Bruno est suisse, il est galeriste et marchand d’art. Il est né en 1940, et a ramené le pop art en Europe. Malin le Bruno ! Il a beaucoup bossé avec Andy Warhol, et c’est quelqu’un d’important dans le milieu du marché de l’art comme le montre cette photo :

On peut y voir : Andy Warhol, Jean-Michel Basquiat, Bruno Bischofberger, Francesco Clemente (un autre artiste de la même époque).
Le florilège des tableaux de cette période :
Le voici, le voilà, qu’il est joli, le florilège.

Jean-Michel Basquiat, Bird on money, 1981

Jean-Michel Basquiat, Irony of negro policeman, 1981

Jean-Michel Basquiat, Per Capita, 1981

Jean-Michel Basquiat, Skull, 1981
→ La période 1982-1985 : Le rapprochement avec son histoire.
Comme on l’a déjà vu auparavant – mais je répète pour ceux qui n’auraient pas bien suivi, après tout, la rentrée est déjà bien loin, on est fatigué, y’en a marre, est-ce que ce serait pas le moment de poser des jours, et de partir, de ne pas prendre de retour ? – le père de JM est haïtien et sa mère est portoricaine. JM va donc commencer à représenter des personnages noirs historiques dans sa peinture.
Au niveau de la technique, on est sur des peintures, des écritures, des collages…
En 1983, il est le plus jeune artiste à exposer ses oeuvres lors de la Biennale du Whitney Museum of American Art.
Et la même année, histoire de dire qu’il n’a pas tenu ses résolutions de janvier mais qu’il s’est quand même un peu secoué, il commence à collaborer artistiquement avec Warhol et Francesco Clemente.
Le gars est fatigué, et on le comprend avec des années chargées comme ça. Pendant que toi, tu peines à déballer les derniers cartons de ton déménagement (qui a quand même eu lieu en 2007), lui a bien charbonné l’année d’avant, donc il part en vacances pour lire et peindre à Maui, à Hawaï.
Puis à son retour, il est exposé à la Mary Boone Gallery qui le représente au MoMA, parce que finalement, quoi de mieux qu’un retour de vacances réussi?

Photographie de Jean-Michel Basquiat pour The New York Times Magazine,
February 10, 1985. Image Lizzie Himmel, Artwork
© The Estate of Jean-Michel Basquiat/ADAGP, Paris/ARS, New York 2018
En 1985, il fait la couv’ du New-York Times Magazine, il a 25 ans.
Et c’est parti pour un autre florilège d’oeuvres de cette période :

Jean-Michel Basquiat, All colored cast, Part III, 1982

Jean-Michel Basquiat, Boy and dog in a johnnypump, 1982

Jean-Michel Basquiat, Cabeza, 1982

Jean-Michel Basquiat, Dustheads, 1982

Jean-Michel Basquiat, Obnoxious liberals, 1982

Jean-Michel Basquiat, Profit I, 1982

Jean-Michel Basquiat, Hollywood africans, 1983

Jean-Michel Basquiat, Hornsplayer, 1983

Jean-Michel Basquiat, In Italian, 1983

Jean-Michel Basquiat, King Alphonso, 1983

Jean-Michel Basquiat, Max Roach, 1984

Jean-Michel Basquiat, Wine of Babylon, 1984
→ La période 1986 – 1988 : Jo le toxico.
Le style change, on est sur de la peinture figurative.
Alors attention, parce que ce serait dommage d’oublier un petit détail qui a son importance dans l’oeuvre de JM : c’est un immense accro à l’héroïne.
‘Ce n’est pas le seul à l’être à New-York dans les années 80-90’, me direz-vous.
Alors, oui, mais là on est quand même sur une dépendance assez sévère.
En 1987, Andy Warhol décède et JM ne s’en remettra pas vraiment.
Déjà, le gars est toxico, si en plus ses copains meurent, ça va devenir compliqué. Warhol, c’était vraiment son grand grand grand copain, JM est triste, il compense en prenant un maximum de drogue.
A tel point qu’en 1988, à 27 ans, il meurt d’une surdose d’héroïne. Super.
Il laisse derrière lui plus de 800 tableaux et 1500 dessins.
Le dernier des florilèges :

Jean-Michel Basquiat, King Pleasure, 1987

Jean-Michel Basquiat, Batman, 1987

Jean-Michel Basquiat, Riding with death, 1988
Ça aurait été con de pas finir sur une note joyeuse.
Sur ce…
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